copyright D.Roche
Bernadette FEVRIER
94 rue de la Poterie-77720 La Chapelle-Gauthier
31 Bd Saint Jacques 75014 Paris
adresse électronique: bernadettefevrier@gmail.com
site: www.bernadette-fevrier.com
Etudes de littérature ancienne et moderne, d’histoire de l’art
EXPOSITIONS COLLECTIVES
1976 : Galerie Stevenson Palluel - Paris
1976-77 : Maison de la Culture de Rennes
1977-78 : “Féminie77” - Palais de l’Unesco - Paris
1978 : “Galerie 30” - Paris
1980 : Exposition Muro Torto - Villa Médicis - Rome
1982 : Espace culturel Graslin Nantes «Muro Torto»(autres participants : Novarina,Viallat,
Pérez, Chevallier, Dezeuze, Pleynet, Sollers, Roche,Verheggen, Prigent etc.)
1982 : Exposition à l’Université du Mirail - Toulouse
1983 : Galerie “Le soufflet vert” - Paris
1984 : Galerie Bernard Jordan - Paris
1984 : Galerie Le Chanjour - Nice
1984 : Exposition organisée à Namur et Bruxelles par le Théatre-Poème de Bruxelles
1989 : Galerie 15 - Exposition “Le franc symbolique” - Lille
1989 : Exposition-anniversaire de la revue TXT et des éditions Muro Torto au Centre
National d’Art Contemporain de la communauté française de Belgique, Maison des Artistes-
Bruxelles
1989 : Exposition dans le cadre du Festival de Montmartre
1989 : “Cinq ans d’art contemporain” MJC - Le Mée sur Seine (Autres plasticiens : Koichi
Kosuru et Guyomard)
1989 : Exposition “Réparation de poésie” - Québec (Canada)
1990 : Exposition au Salon de Montrouge
1994 : Exposition à La Chapelle Gauthier
1995 : Exposition à La Chapelle Gauthier
1998 : Exposition au Salon de Barbizon
1999 : Exposition à Barcelone avec le sculpteur G.Descossy
2002 : Exposition «L’Art Pour 20 Balles». 71110 Ligny en Brionnais chez P.Ferrari
2003 : Exposition «Les grands bains douches de la plaine» organisé par P.Ferrari et Esox
Lucius - Marseille
2004 : Participe, au Centre d’Art et de Littérature de l’Hôtel Beury (08150 L’Echelle) à une
exposition organisée par Christian Prigent
2004 : Exposition à l’Ecole d’Art de Besançon et participation au catalogue «Ils affinent notre
optique»
2009 : Exposition au Salon de Gilbert Descossy, avec Gilbert Descossy (Portes ouvertes du
18ème - Paris
2009 : Participation aux “25 ans du Génie de la Bastille”
2011 : Participation à un Mail Art ”Boites noires”, organisé par les Editions Transignum
- Paris
2012 : Participation au 1er festival Pan, 59 Rivoli, Paris (En liaison avec la galerie Satellite)
et à la présentation de l’exposition Carted (Printemps et été 2012)
2012 : Participation à l’exposition internationale d’Art Postal “La Fin du Monde”
Bibliothèque municipale de Sarrebourg
2013 : Exposition Le Noir Absolu, Galerie Grand E’terna - Paris, commissaire Gérard-Georges
Lemaire
2015: 3 accrochages de groupe d’octobre 2014 à janvier 2015 - Galerie Olivier Nouvellet -
Paris
2015: Exposition collective «Rencontres 1» le 10/2/2015 - Galerie Olivier Nouvellet - Paris
2015: Accrochages de groupe, Galerie Olivier Nouvellet - Paris, mars 2015, avril
2015, juin 2015, octobre 2015
2015: Exposition à l’Institut Français de Mainz, «Ein Kaleidoskop zeitgenössischer Kunst» -
Allemagne, commissaire Gérard Georges Lemaire
2015: Exposition collective «Jacqueline Risset e le arti» avril 2015 - Fondazione Camillo
Caetani - Roma
2015: Exposition collective « Pêle-mêle» - Galerie Olivier Nouvellet
2016: Exposition collective»Body Body», La Plaque Tournante - Berlin
2016: Exposition «Itinéraires Croisés»( Baudry, Boutibonnes, Février) - Galerie Olivier
Nouvellet
2016: Exposition «Paysageurs» mai 2016 - Galerie Olivier Nouvellet
2016: Accrochages collectifs - Galerie Olivier Nouvellet
2016: Exposition «Le dessin, d’abord!» , Château Musée St Jean, Nogent le Rotrou
2016: Carte blanche à Bernadette Février :
invités : R.Bassu, P.Boutibonnes, B.Février, B.Gadenne, JL.Parant, P.de Pignol,
D.Roche, AK.Scheidegger
2017: Divers accrochages de groupe - Galerie Olivier Nouvellet d’avril à juin
2017: Exposition du 6 au 8 juillet»4 pour 3 fois rien » - Galerie Olivier Nouvelet
2017: Exposition «Pêle-mêle 3» novembre 2017 - Galerie Olivier Nouvellet
2017: Exposition «d’une ligne, l’autre» décembre 2017 - Galerie Lionelle Courbet
2018: Exposition «Vis à vie» mars 2018 - Galerie Olivier Nouvellet
2018: accrochage de groupe mai 2018 - Galerie Olivier Nouvellet
2018: Maison des Arts Contemporains Pérouges (Ain) du16/6 au 15/7/18 «Salon des Fake
News»
2018: Maison des Arts Contemporains Casablanca (Maroc) du 4 au 8 sept 2018 «Salon des
Fake News»
2019: Exposition « Femme,Femme,Femme » mars 2019 - Galerie Satellite
2019: Exposition « Entre rien et tout » mars 2019 - Galerie Olivier Nouvellet
2019: Exposition collective septembre 2019 - Galerie Satellite
2019: Exposition collective octobre 2019 avec M.Destarac, O.Jung, J.Brault - Galerie Olivier Nouvellet
2019 : Accrochage de groupe octobre 2019 - Galerie Olivier Nouvellet
2019 : Pêle-mêle 5 novembre 2019- Galerie Olivier Nouvellet
2020 : "Ce qui aurait pu ne pas être, 3" du 16 janvier au 1 février 2020- Galerie Abstract Project- Paris
2021 : "La nature morte dans tous ses états" Exposition collective mars 2021-Galerie Olivier Nouvellet
2021 : "Satellite" Collective - Galerie Satellite Paris
2022 : Exposition collective du 14 au 28 février - Galerie Olivier Nouvellet
2022 : Exposition avec J-P.Baudry et Ph.Boutibonnes du 14 au 18 juin 2022-Galerie Olivier Nouvellet
2022: Exposition "Pêle-mêle" novembre 2022- Galerie Olivier Nouvellet
2023 : Accrochage collectif mars 2023- Galerie Olivier Nouvellet
2023 : Exposition avec Philippe Haag et Danielle Lescot du 13 au 17 juin 2023-Galerie Olivier Nouvellet
2024 : Exposition collective- Galerie Satellite- Paris 13/1 au 24/2/24
2024 : Exposition collective "Collages" 13/01 au 17/02/24- Galerie Autour de l'image- Lyon
EXPOSITIONS PERSONNELLES
1984 : Exposition à la MJC - Mée sur Seine
1986 : Exposition à la MJC - Mée sur Seine
1987 : Exposition au Salon 68 bd de Rochechouart - Paris18°
1990 : Exposition au Salon 68 bd de Rochechouart - Paris18°
2001 : Exposition au Casino Venier : «Le Voyage de Marco Polo:12 Visions
hallucinées» - Venise
2002 : Exposition à Instituto Romeno di cultura e ricerca umanistica -Palazzo Correr
«Hommage à Venise» (conférence de Maria Buleï, de l’Université de Padoue : le Voyage comme motif dans la littérature italienne - Venise
2011 : Présentation des” Agités du buccal”(Editions Rencontres) - L’Annexe - Montolieu
2012 : Présentation d’un travail autour de l’oeuvre poétique de J.P.Verheggen au Théâtre
Poème - Bruxelles
2014: Exposition « Pour une image dissipée » - Galerie Olivier Nouvellet-Paris
2017: Exposition «D’une ligne à l’autre» - Galerie Lionelle Courbet -Paris
2018: Exposition «Délit de lignes»juin 2018 - Galerie Olivier Nouvellet
INTERVENTIONS DANS DES EDITIONS PARFOIS A TIRAGES LIMITES
1975 : Peintures pour “ Des Peintres” - Coll. Ecbolade
1978 : Peintures pour “ La /Les Couleurs “ - Coll. Ecbolade
1979 : Collages pour “L’ABC libéré des entraves” - de V. Khlebnikov, éd. Muro Torto, Villa
Médici - Rome
1979 : Collages pour “Un Os” de Ch. Prigent, ed. Muro Torto, Villa Medici - Rome
1982 : Encres de Chine pour “Un coup de defaire d’Ego” – d’E. Clemens, éd. Carte Blanche
1984 : Pastels pour “A travers les oeillets“ de F.Mayroecker, éd. Muro Torto
2002 : 12 dessins noir et blanc, extrait d’un ensemble intitulé «Le Sommeil du Doge ou la
Mémoire de l’eau». Préface d’Emmanuel Tugny(coll.Rapport d’étape) - Venise
2007 : Illustration unique pour “Corbière, le crevant”, d’E.Tugny (Leo Scheer)
2009 : Peinture pour “Poème presque Poème”, J.P.Verheggen (éd.Rencontres)
2010 : Réalisation de la couverture de “Agata noturna” d’E.Tugny (Editora Sulina-Brésil)
2010-2011: Livre d’artiste avec J.Risset “Lève-toi un peu Calliope” (éd. Rencontres)
Présentation du livre dans le cycle «L’Arsenal de la Poésie», Bibliothèque de
l’Arsenal, Paris (Mai 2011) puis à la Fondazione Camillo Caetani à
Rome (hommage collectif à l’écrivaine et traductrice disparue en 2014)
2011 : Illustration d’un livre numérique d’E.Tugny ”Bossa” ( www.publie.net)
2010-2011 : Livre d’artiste avec J. P. Verheggen “Les Agités du buccal” (éd.Rencontres)
Présentation du livre au Théâtre Poème de Bruxelles (Janvier 2012)
2013-2016 : Plusieurs contributions à la collection «Le livre pauvre» de Daniel Leuwers
2014 : Contribution à «Le point d’ironie» numéro 13 , collection d’art dirigée par
J.Juin(Bremen)
2015 : Illustration du livre de Werner Lambersy «Les Cendres de Claes», éd.Transignum
2017 : Illustration du livre d’E.Tugny «Corbière le Crevant» (Gwen Catala éd.)
2020 : Couverture du livre d'E.Tugny "Le Nouvel Hermaphrodite"(EEEOYS éd.)
2022: "Le secret des Machines" dans le livre "Res Civica" Petite revue d'exploration du politique Tome IV- Travailler c'est trop dur?(EEEOYS éd.)
2022: "Des Machines" quelques écrits sur l'art livre d'E.Tugny (EEEOYS éd.)
2023 : Couverture du livre "L'ascension du Mont Ventoux" de Pétrarque traduit par Emmanuel Tugny(Ardavena éd.)
COMMANDES
1982 : Peinture murale de 4m/2m50 , rue de la Gaité Paris 14°, dans le cadre du Mécenat
Industriel ( Régie Renault) pour “Art Prospect”
1983 : Peintures pour le “El Tretze Vents” - éd. du Musée de Ceret (Coffret collectif à tirage
limité) Autres participants : Degottex, Hajdu, Tapies, Badin, O.Debré, Viallat, A.Saura,
Boutibonnes, B.Noël, C. Minière, M.Pleynet, J. Risset, D. Roche etc.
Acquis par le FRAC Basse Normandie
1986 : Illustration d’un livret d’opéra” Brouhaha,Eternel Brouhaha” de Ch. Prigent
(commande de l’Université de Villetaneuse)
1987 : Décor pour le “Journal d’un Fou” de Gogol -Théatre Pourpre-Maison des Associations
LJ Lantien- Le Mée sur Seine
AUTRES ACTIVITES CULTURELLES
1979 : réalise des interviews au Festival de cinéma de Sorrente - Italie.
1979 : récitante dans l’opéra de Stravinski « Perséphone », à la demande du compositeur Hans Werner Henze (Festival de Spolète ) - Italie
1984 : diverses collaborations :la Revue Parlée de Blaise Gautier, lecture d’extraits de
«Phanées les nuées» d’Hubert Lucot
1984 : interventions dans la revue d’Alain Frontier et Marie-Hélène Dhénin, Tartalacrème
2005 : traduction latine de textes composés par le musicien Olivier Mellano pour son
album «La chair des anges» (Naïve , septembre 2006).
2006 : intervention au Centre d’Art du château de Joinville, sur le thème de l’empoisonnement
CONTRIBUTION A DES REVUES
Tartalacrème 1982 n° 23
TXT 1983 n°15
Courrier de l’Unesco déc.1991
"Ils affinent notre optique" 2004 Ch.Prigent (éd.Ecole régionale des beaux arts de Besançon)
Bleeker Street 2007 n° 3/4 (éd. B. Dumerchez)
Participation au portail culturel de Julia Safronova (Ekaterinenbourg) 2010- Russie
En 2013, présente dans les Mélanges «I pensieri dell’istante », en hommage à l’oeuvre de Jacqueline
Risset, avec les plasticiens Alechinski, Badin, Barcelo, Fellini, Garouste, Roche, Rouan,
Xing Xiao Cheng
Amplitudes 2021#4 "Trace et lecture de Paysages"(éd.Châtelet-Voltaire)
Le bout des Bordes 2021 n°15 revue de J.L Parant (éd.Actes Sud)
Res Civica 2022 tome IV-travailler c'est trop dur? (éd.EEEOYS)
VENTES
1991-1992 : Participation, à l’Hôtel Drouot-Richelieu, à des ventes d’art contemporain-Paris
Nombreuses oeuvres dans des collections privées
Présente dans les collections du FRAC Caen Normandie
PRESSE
1976-1977 : «Nouveau groupe Constat Rennes» (Ouest France 17/12/1976)
1977 : Du côté des artistes femmes ”Feminie 77” ( le Monde)
1984 : «Bernadette Février, un personnage et des oeuvres originales» (la République de Seine et Marne 6/10/1984 )
1984 : «Bernadette Février expose» (le Parisien 12/10/1984)
1986 : «Les masques de Bernadette Février» (la République de Seine et Marne 13/10/1986)
1989 : «Cinq ans d’art contemporain» 13/02/89 (La République de Seine et Marne)
1990 : «Bernadette Février» (Kanal Magazine n°6)
1991 : «Mort et Vif» in Le Courrier de l’Unesco décembre 1991
2016 : «la séve du feuillage ne s’élucide qu’au secret des racines» texte d’Elise Boutié in Time
out
2018 : «Délits de lignes» texte de Dominique Costermans publié sur son blog
TEXTES CONSACRES A L’OEUVRE de B.F
J. Demarcq : ” Oreille,énorme oreille ! "(Tartalacrème n. 23)cliquez dessus
E. Tugny : ”La quadrature du rêve”, "Une peinture dissipée","Têtes-et-saintes-les-saintes-faces- de-bernadette-fevrier"
-
http://blogs.mediapart.fr/blog/emmanuel-tugny/311212/bernadette-fevrier-la-quadrature-du-reve
-
http://blogs.mediapart.fr/blog/emmanuel-tugny/111014/une-peinture-dissipee
H.P. Jeudy : ”L’inclination du regard”(2006),"Lettre d'un collectionneur"(2015)"L'Humour du Rébus"(2017)
L'inclination du regard
Ce ne sont plus les squelettes des Capucins que je suis en train de regarder. J'en ai pourtant gardé le souvenir.Ils me hantent encore les nuits d'été quand la peau transpire tellement qu'elle semble coller aux os. Il faut que je me rende à l'évidence: Bernadette Février les a bien appelés« Cappuccini», ils ont l'air d'être revenus comme des fantômes et nul ne saura jamais si, sous leur aube, ils ont encore des omoplates,des tibias ou des métatarses. Ils ont même l'air joyeux. Peut-être dansent-ils...Ils reviennent de loin, ils sont tout aussi ahuris que moi-même en train de les regarder. A vrai dire,ils ils ne le sont pas de la même façon. Ils ont triomphé de la mort, ils n'en reviennent pas, ils sont sortis des catacombes et maintenant ils nous jouent une ritournelle. Impossible de regarder chaque jour un tableau de Bernadette Fevrier sans que l'ébauche d'une histoire n'advienne de cet étrange interstice entre le figuratif et le non figuratif. Dans mon salon de Paris, il y en a un. Pour le moment, il est seul. Il semble s'être isolé des autres, non en ce sens où il ferait partie d'une oeuvre dont il aurait été extirpé, il est là, comme la parcelle d'une histoire qui poursuit son récit chaque fois que je me tourne vers lui. Et si je me trouve ailleurs, j'ai l'impression qu'il continue à parler. Vient-il d'une série intitulée «Puppet show»? Comme dans tant d'autres tableaux, son corps fait masse et,en même temps, il semble très léger, en mouvement,toujours en mouvement, souvent oblique, suspendu d'une manière verticale, à peine inclinée. Devrais-je le regarder en penchant ma tête par côté? Au contraire, en gardant la tête droite, le mouvement n'est plus l'effet de ma perception, il épouse ce rythme d'une histoire sans fin qui crée l'allégorie de l'univers dont il fait partie.
Quiconque pourrait alors penser que le silence pictural serait banni à tout jamais. Rien de plus agaçant que les tableaux qui ne dorment jamais! Ils vous hantent! Mais les tableaux de Bernadette Février donnent au regard l'expression d'une mystérieuse tendresse, celle dont la puissance tient à l'union incongrue entre le voyage au pays des morts (Les Cappuccini) et la pérégrination historique (Marco Polo). Si éloignée du fétichisme contemporain pour l'horreur-conséquence inéluctable de l'apologie d'une libération du signifiant-cette constellation de l'imaginaire, telle la répétition fragmentée d'une narration cosmique, offre la vision d'une collision naturelle du tragique et de l'allègre.
Les corps peuvent bien paraître morcelés, de leur mouvement même adviennent les liens qui mettent en oeuvre leur potentielle unité. La singularité de cette absence de distinction entre le figuratif et le non figuratif est de révéler «ce qui est en puissance», de mettre le regard en position de voir l'étrange immobilité de l'ébranlement du corps. Et les couleurs que choisit Bernadette Février, qu'elles soient vives ou ternies, accentuent, comme si elles jouaient le rôle d'un fond au moment où advient la forme, la vision de«ce qui est en puissance», ou, pour reprendre une idée chère à Spinoza, de «ce que peut le corps». Lorsque je vis pour la première fois La Chinoise, ce fut le coup de foudre. Son visage, à peine perceptible, m'avait fasciné par l'immensité de sa puissance à dire: «il en est ainsi». La tête légèrement inclinée, les cheveux très noirs, et cette esquisse d'une expression qui fait que le regard sur le monde devient en même temps un regard du monde. La Chinoise venait de me faire découvrir la féminité de la sagesse zen.
Ce qui est étonnant, c'est la manière atemporelle par laquelle une pratique picturale figure l'enchaînement de ses visions. Regardant les peintures de Bernadette Février, et avant même de reconnaître les signes habituels de la poursuite d'une oeuvre, je perçois un monde, j'entre dans un monde. Et ce monde qui capte mon imagination ne trahit aucune chronologie, aucune figure du temps qui me laisserait croire en une succession d'époques. Comme entraîné par un effet perpétuel de la simultanéité temporelle, comparable à celui du rêve, le regard oublie toute origine factuelle de sa position dans le temps. Le monde imaginaire advient de lui-même, sans imposer l'effort d'une séparation. Il est là, tel qu'il est, tel le réel qui surgit sans prévenir.
Les couleurs jouent un rôle musical, elles accompagnent, par le rythme de leur alternance, la destinée des fragments ou des séries allégoriques. La destinée aussi d'une pensée interrogative dont l'expression picturale calme les angoisses de la mort et la disparition dans un temps sans fin.
Henri-Pierre Jeudy
Lettre d'un collectionneur
A Bernadette Février
Ce tableau, je ne sais comment l’appeler. Il est là au sommet de la bibliothèque, placé en biais à l’angle des deux murs, je ne l’ai jamais accroché, tous les matins, tous les soirs, je le vois depuis mon lit au moment où je vais me coucher, au moment où je vais me lever. Il représente un nain ou un enfant qui n’aurait pas d’âge. Sa tête est trop longue par rapport à son corps, il n’a presque pas de jambes, ses bras semblent avoir été rajoutés comme s’ils avaient été oubliés par l’artiste. Depuis mon oreiller, je le regarde rire du monde ou de la vie. Je ne suis pas sûr qu’il rit vraiment, il a plutôt un air moqueur. La distance surprenante entre sa bouche et ses yeux sur son visage aplati lui donne l’apparence du dédain sans l’ombre de l’arrogance. Sa posture verticale est en oblique, il est tombé du ciel et n’a pu se redresser à l’instant où il a rebondi sur la terre, il n’a aucun besoin de rétablir son équilibre, son aplomb est penché vers la gauche pour lui, vers la droite pour moi. Nous nous regardons à l’envers. Pourtant lorsque je me lève, il m’indique le bon sens pour sortir de ma chambre.
Il joue à se demander ce qu’il fait là. Un jeu qui ne connaît ni gagnant ni perdant. Un jeu qui permet de faire croire aux autres qu’on est bien resté dans le monde, qu’on s’accroche. Avec cette allure désuète qu’il prend, que pourrait-il faire d’autre que de jouer à ? Comme à un chat, il ne lui manque que la parole. Si je l’observe trop longtemps, il finit par m’offrir les sentiments que je souhaite, sa complaisance à mon égard devrait me ravir si je n’étais pas convaincu que son sourire moqueur fait de la moquerie elle-même un état trop sentimental. Alors je cherche dans les couleurs un point de fuite. Ce vague mouvement des teintes qui fera naître un autre paysage de la vie. Il me rappelle à l’ordre des choses qu’il exprimera pour toujours. Parfois son corps disproportionné semble faire de lui un géant – le paradoxe d’un nain géant. Ses oreilles décollées se tendent vers ses yeux provoquant en son regard un effet de strabisme convergent. Quand je dors, c’est lui qui me prive de vision extérieure, il me faut allumer la lumière pour lui retirer son pouvoir. Mais plus le temps passe, plus il m’apaise, il est vrai que, quoiqu’il arrive, il ne bougera plus jusqu’à ma mort. Son nanisme est devenu la juste mesure de l’étendue.
Je ne me sépare pas du sourire moqueur de ses lèvres, accroché au bout de son nez. Il me redonne la tonalité du jour. La musique d’une fanfare muette. Le son rieur d’un silence perdu. Tout se passera comme prévu pour les ébahis de la saint glinglin. Ce matin en me levant, je lui donne un nom à ce tableau : le carillon du nabot.
L'Humour du rébus
Le rébus pourrait-il être une structure scripturale de l’archéologie de notre inconscient ? Quand on rejoint l’un après l’autre les chiffres d’un rébus, on découvre une figure qu’on n’aurait sans doute pas pu anticiper. Invisible, et peut-être même inconcevable, elle était pourtant déjà là. Les associations que nous faisons entre les images, entre les mots, bien qu’elles soient parfois guidées par l’étrange acuité de notre intuition, s’effectuent selon un mouvement d’incertitude que l’instant même d’une révélation possible d’un sens n’arrête pas. C’est d’une manière arbitraire qu’un lien du sens est suspendu, les associations sont prises dans un mouvement perpétuel jusqu’à l’arrêt de mort de notre cerveau. Ainsi « pensons-nous en rébus ».
Plusieurs petits rébus tracés au crayon aquarellable sur du papier japon forment une constellation d’allégories diffractées que l’œil tentera en vain de recomposer. Malgré le pouvoir conventionnel des analogies de structure qui nous permet de croire que les signes donneront toujours une orientation à la perception, nous sommes séduits par l’état de perplexité gracieuse et osée dans lequel nous met Bernadette Février avec des énigmes qui se dispensent de tout déchiffrage. Il arrive qu’un secret révélé en suggère un autre ou que la bande de Moebius fasse semblant de se dénouer ou encore qu’un trompe-l’œil ne soit qu’une réalité déconcertante... Bernadette Février a un esprit facétieux, un humour anti-atrabilaire. Les rages de dent que nul n’ignore, ne les présente-t-elle pas en toute sérénité, par l’emboîtement immuable de la racine ? Les visions internes du corps apparaissent toujours comme des figures de destin. Elles nous font entrevoir un devenir qui nous échappe parce qu’il se représente de lui-même comme un rébus. Quand elle participe à la composition du livre « les agités du buccal », Bernadette Février pénètre dans cette cavité mystérieuse jusqu’à l’intérieur des gencives et même la langue ressemble à l’enveloppe d’une excroissance de la dent... Entre le visage aux multiples facettes de ses dessins de Vanité et l’abstraction si vivante des oiseaux qui
volent dans tous les sens, le décharné prend cette apparence d’un relief qui ose défigurer la mort. Car cette saillie du relief tire sa naissance au regard, de l’à-plat qui anéantit la perspective.
En-deçà de l’ancienne dichotomie entre le figuratif et le non- figuratif, l’abstraction devient un voyage dans cet imaginaire où se crée la figurabilité comme dans le « travail du rêve ». Les « images débridées » font figures de destinée de ce qui se dérobe à la représentation. Une mise en instance du sens qui parodie la possibilité de sa reconnaissance. Ainsi l’humour de Bernadette Février ne vient pas d’une ironie adressée au monde, et encore moins d’une posture, il s’exprime dans l’arbitraire des manifestations scripturales de la figurabilité. Il n’est jamais l’effet d’une clôture du sens, il demeure fondamentalement inchoatif.
L’élégance de sa tendresse – quand nous regardons par exemple les oiseaux qui ont l’air eux-mêmes de chercher leur forme, de l’épouser en piaillant – cette grâce de ce qui advient à la forme nous charme par la puissance de sa démultiplication. Ce qui se double et se dédouble joue à ce qui revient au même pour apaiser notre œil en lui offrant un horizon des entrelacs. L’empreinte d’une sérénité impose sa trace au regard porté par les mouvements de diffraction de l’image qui font apparaître la forme.
Bernadette Février nous invite à suivre les méandres d’une pensée interrogative qui jamais ne s’arrête sur une quelconque certitude de contenu. La naissance de la forme donne son rythme à la figurabilité tandis que le regard interrogateur se glisse dans l’énigme d’un perpétuel rébus.
Bernadette Fevrier